12/05/13

La Dernière Solitaire de Port-Royal


La Dernière Solitaire de Port-Royal
Survivances jansénistes jusqu'au XXe siècle
Par
Véronique Alemany
Préface de Philippe Sellier




Perpétue de Marsac, devenue en 1865 par son mariage vicomtesse d’Aurelle de Paladines, s’installa à Port-Royal des Champs en juillet 1895, l’année de ses cinquante ans, pour s’immerger dans l’aventure spirituelle des religieuses et des Solitaires et achever, de manière radicale, sa propre conversion. Elle allait y vivre trente-sept ans, suivant les rudes chemins de la pénitence, jusqu’à sa mort en 1932. Elle s’aménagea une cellule de moniale conforme aux exigences de pauvreté des « Constitutions de Port-Royal ». Elle fit venir de Marsac sa riche bibliothèque et s’inscrivit aussi dans la lignée des copistes de Port-Royal, recopiant pour elle-même des documents prêtés, ou pour ses amis des textes qui l’avaient touchée : une mine pour découvrir un jansénisme peu connu, celui de la Petite Église de Toulouse ou des Amis de la Vérité lyonnais.

Le milieu toulousain où Perpétue de Marsac s’est formée est celui d’une petite noblesse provinciale, parlementaire, cultivée et d’un légitimiste critique, où règne un jansénisme nourri de celui du XVIIe siècle

— avec le primat de saint Augustin, la primauté du concile sur le pape et l’attachement aux libertés de l’Église gallicane — et de celui du XVIIIe ;

— avec le figurisme biblique, les convulsions et les visions, l’attente de la conversion des juifs et du retour du prophète Élie.
Ce néo-jansénisme est caractérisé par une intense dévotion à la Croix ; il condamne avec virulence le prêt à intérêt et renouvelle la vieille hostilité à la Compagnie de Jésus.

On découvre ainsi la personnalité attachante de la dernière Solitaire de Port-Royal et le réseau de ses relations (notamment Augustin Gazier, professeur à la Sorbonne et historien de Port-Royal) qui atteste la survivance de ce jansénisme au XXe siècle.

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